- Devant la difficulté croissante de se loger décemment, Un Centre-Ville Pour Tous à participé à un appel d’associations et d’élus marseillais pour réquisitionner les immeubles vides, lors d’une conférence de presse lundi 24 février 2025.
Voici la contribution portée par Hélène Froment pour notre association CVPT et et le CHO3 (Collectif des Habitants Organisé.es du 3è) lors de cette conférence.
Conférence de presse du 24.02.2025
Réquisitions des logements vides
La crise du logement pointée par le rapport Nicol en 2015 à Marseille (40 000 logements potentiellement indignes) a été exacerbée par les conséquences directes des effondrements dramatiques de la rue d’Aubagne, arrêtés de péril puis de mise en sécurité qui continuent à ce jour d’accentuer cette crise.
En réponse à cette situation, des projets comme le Projet Partenarial d’Aménagement (PPA) signé en juillet 2019 ou des dispositifs dédiés comme l’ORCOD-IN (opération de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national) peinent à se mettre en place…
Lutter contre le mal logement (habitat indigne, personnes à la rue, à l’hôtel ou en foyer) nécessite du côté de la puissance publique (Etat, ville et métropole) de travailler de concert et avec les collectifs associations et habitant.e.s, comme elles se sont engagées à le faire dans le cadre du PPA (Plan Pluri annuel d’aménagement).
Les moyens alloués à la société publique locale d’intérêt national (SPLA-IN) pour lutter contre le logement indigne, sont insuffisants : seulement 160 immeubles rachetés par les pouvoirs publics et réhabilités pour produire 600 logements sociaux, c’est positif mais ce n’est pas à l’échelle des besoins quand un quart de la population à Marseille en 2024 vit en dessous du seuil de pauvreté.
Dans notre ville, 48 000 demandes de logement social en 2024, or, au regard des 4 000 logements sociaux attribués, seulement un dixième de cette demande est satisfaite.
Le programme local de l’habitat prévoit la construction de 2 300 logements sociaux par an sur 5 000 logements : en fait ce sont seulement 1 300 logements sociaux programmés en 2024 dont 600 logements sociaux en moins au titre des compensations démolitions ANRU. L’offre nouvelle est inférieure à 1000, c’est très insuffisant.
Le nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU) prévoit plus de 4000 démolitions de logements dans les cités ce qui est totalement invraisemblable dans le contexte marseillais que nous venons de décrire, c’est pourquoi nous un centre ville pour tous et plusieurs associations locales avons signé l’appel pour un moratoire » Stop démolitions ANRU ».
Dans un contexte où les logements vides sont, en 2021, pour ceux de plus de 2 ans, au nombre de 19 423 sur l’ensemble de la ville, soit un tiers des logements vides, pour le 2ème arrondissement c’est 8% du parc de logement, 7,2% pour le premier, et en forte progression pour les 3ème, 15ème et 16ème arrondissements.
Un logement non habité est un logement qui se dégrade, à fortiori lorsque l’inoccupation s’inscrit dans le temps et pour un immeuble vide, l’effet en est démultiplié ! avec l’absence de veille indirecte des habitant.e.s sur l’état général de l’immeuble.
Par ailleurs, un logement, un immeuble ça s’entretient et régulièrement ; or certains propriétaires bailleurs, investisseurs ou marchands de sommeil, laissent des situations se dégrader dans les parties communes;
ce sont aussi des cités où bailleurs sociaux publics ou privés gèlent leur parc en le laissant se dégrader jusqu’à un niveau qui ne laisse que la démolition comme solution. Est-cela qui se prépare à Air Bel ou à Félix Pyat ?
La réquisition est un moyen de permettre à des enfants et à des personnes à la rue ou dans des logements indignes, d’avoir un habitat, c’est aussi un moyen également d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’une législation réactive et opérante face à des comportements de bailleurs sociaux publics ou privés, de propriétaires bailleurs, n’assumant pas leurs responsabilités.
Lorsqu’il y a une file d’attente de 48 000 ménages demandeurs de logements sociaux, nous ne pouvons pas nous permettre ici à Marseille de laisser faire et notamment devant ces logements gelés pour la spéculation, parfois depuis 20 ans comme rue de la République, la réquisition est une réponse.
Aussi, au regard de cet état des lieux, nous interpellons les pouvoirs publics à exercer le pouvoir de réquisitionner les logements ou immeubles vides.
D’autres liens :
« Après le décès de deux sans-abris, au cours de la vague de froid cet hiver à Marseille, des lits d’urgence suplémentaires ont été ouverts. La ville compte 7 500 places d’hébergement, selon la mairie. Une réponse insuffisante aux yeux des signataires de la tribune, qui demandent « qu’à travers l’application de la loi de réquisition soit abolie la fausse solution de l’hébergement d’urgence : indigne, précarisante pour les personnes et coûteuse pour l’Etat ; et qu’à sa place soit pensée une politique publique de logement inconditionnel, pérenne et digne pour tous·tes ».«