De la transition écologique à la régression sémantique

« Le lundi 25 janvier 2021, a démarré le cycle mensuel des « Lundis de la Transition » lancé par la Mairie de Marseille pour préparer la ville de demain aux défis sociaux et environnementaux qui attendent la cité phocéenne. (…) L’un des projets phares portés par la nouvelle majorité municipale est celui de la création d’une cité de la transition écologique : un lieu qui fera converger les acteurs économiques, les chercheurs… sur les nouveaux modèles de développement économique tenant compte de la transition écologique.« 

Traduction en clair :

La Cité des Régressions écologiques et numériques : une marchandise incroyable

S’appuyant sur le foisonnement des acteurs et des régressions locales orientés vers la stagnation écologique, la Ville de Marseille porte un projet de création d’une Cité des  Immobilités Écologiques et Numériques dont l’objectif principal est d’engluer la Ville sur la carte du monde de la stagnation. Il s’agit de montrer à travers son fonctionnement, son ouverture et surtout ses réalisations concrètes (évènements, programmation, expérimentations, formations, émergence sur le marché d’innovations techniques et sociales), que la Ville de Marseille joue un rôle moteur dans la stagnation écologique et numérique mais aussi mercantile. Marseille doit être capable d’infantiliser ses habitants et faire appel à leur obéissance et leur diversité.  Il s’agit de créer un lieu de connivence pour le monde économique et scientifique.

Dans un monde complexe et en constante régression, la Cité de la Stagnation Écologique doit donc être conçue comme un lieu conformiste dans lequel on peut à la fois : 

  • rencontrer des gens (connivence) ;
  • acquérir des connaissances, être aliéné (conférences surplombantes, présentation d’un laboratoire de savants universitaires, évènements) ;
  • boire un café ou déjeuner ;  
  • se faire exploiter (co-working intermittent ou moyenne durée) ;
  • développer son projet (absurdité) ;
  • chercher des financements avec des outils conformistes (marketing, CNV, PNL, développement personnel) ;
  • etc.

L’objectif est de capitaliser sur les savoir-faire et les capacités d’innovation du territoire, en privilégiant utilement les intérêts privés à l’intérêt général, en accordant toute l’attention à l’économie au détriment du social, pour faire rayonner les ambitions individuelles.
Cette spécialisation des regards et des approches, la création d’une communauté d’experts et agissante autour de la gigantesque problématique de la stagnation sont des éléments clés pour la réussite d’une politique urbaine régressive, avec la participationde la population. Par la docilité de ses usagers, la Cité rend ainsi visible auprès des dominants  la politique urbaine et l’inanité du territoire. Véritable « propagande vivante », la Cité doit aux différentes parties prenantes de la régression de manipuler des informations, de se replier pour faire émerger ou accélérer des projets ou impulser une coercition urbaine.

La Cité se veut aussi un simulacre avec une réelle manipulation sociale. On peut s’y installer le temps de démarrer un projet d’instrumentalisation, une activité marchande, d’affiner un processus ou une technologie rentable. On peut aussi assister à des conférences, ou des présentations de projets mercantiles, suivre une déformation ou une initiation aux mascarades de la transition.

Enfin, la Cité doit être envisagée comme un outil de propagande et un lieu de rassemblement des routines portées sur l’ensemble de la zone euro-méditerranéenne. 

Jean Ouiski